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Inscription à la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse publiée au JO du 14 novembre 1997

ACTUALITÉ

Que veut Manuel Valls ?

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"Matignon !" raconte François Rebsamen

Les policiers et les gendarmes qui ont plutôt bien apprécié l'arrivée de Manuel Valls au ministère de l'Intérieur, même si tous "demandent encore à voir", finiront-ils par le regretter ? C'est ce que l'on peut se demander lorsque l'on recueille les confidences de quelques-uns de ceux à qui François Rebsamen (dont on avait parlé pour la place Beauvau avant qu'il se fasse battre au poteau par le maire d'Evry) a raconté dernièrement cet échange récent (selon lui) avec son "camarade" 1er flic de France. "Nous terminions, Manuel et moi un rendez-vous auquel j'avais emmené, entre autres, mon ami Patrice Bergougnoux (l'ancien directeur général de la Police nationale sous Jean-Pierre Chevènement NDR). Juste avant que nous nous disions au revoir, Manuel m'a pris par le bras et m'a dit : mais tu le seras ministre de l'Intérieur, tu le seras !.... Il suffit juste que je devienne Premier Ministre !" Certains des témoins qui racontent cet aparté de Rebsamen avec eux expliquent que celui-ci balançait, en racontant son anecdote, entre fou rire, expectative et doutes... D'autant qu'un syndicaliste policier, membre du PS, ajoute que, depuis quelque temps, un autre de ceux qui se voyaient à l'Intérieur, en l'occurrence Jean-Jacques Urvoas, conseiller à la sécurité du Parti Socialiste, après avoir lui aussi mangé son chapeau, a opéré un rapprochement stratégique avec Manuel Valls. Pour préparer la relève de ce dernier, un jour ou l'autre ? "À quoi joue Manuel Valls ?" titre ce matin notre confrère Le Parisien-Aujourd'hui en France. C'a dépend. Si l'on entend François Rebsamen, il ne joue pas du tout et s'imagine un destin bien plus large que celui de ministre de la sécurité. Si l'on suit son action, il joue à Sarkozy ministre de l'Intérieur : quand il saute dans un avion chaque fois qu'un fait divers déborde du cadre officiel ; quand il fait beaucoup de bruit sur les prochains recrutements de policiers et de gendarmes alors qu'ils étaient au programme du candidat Hollande ; quand il vante les zones de sécurité prioritaires sans avoir les moyens matériels de faire travailler les fonctionnaires et militaires qui y seront affectés... En gros, à chaque fois qu'il fait ce qu'il reprochait à l'ancien Président de la République de faire : de la com'.

Zones de sécurité prioritaires

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Avec quels moyens matériels ?

Le désert médiatique de l'été a transformé en exclusivité estivale l'un des points du programme du candidat Hollande (500 policiers et gendarmes nouveaux par an, à partir de 2013). Vint ensuite le débat sur l'instauration des zones de sécurité prioritaires (ZSP). Mais tout cela ne manquait-il pas de décryptage ? Car, lorsque ces ZPS sont mises en place ces jours-ci, pour certains départements, les 500 premiers policiers et gendarmes sont loin d'être là. Des hommes "nouveaux", des effectifs "en plus" s'entend. Dès lors, il y a tout à parier que le ministère de l'Intérieur soit obligé de "déshabiller Paul pour habiller Pierre". Vieille recette de la place Beauvau, Manuel Valls n'a rien inventé. Exemple, les 205 personnels annoncés pour renforcer ceux de Marseille. D'autant que le Premier Ministre lui-même a précisé que c'est avant tout la PJ qui devait être renforcée. "Allez trouver des volontaires ailleurs sur le territoire pour venir se mettre dans ce guêpier, commente un haut fonctionnaire. Autant il y en aura pour aller à Bordeaux ou à Toulouse, autant pour Marseille... Il va donc falloir prendre sur les flics de sécurité publique pour renforcer la police judiciaire. Avec tout ce que cela peut sous-entendre de déchets, car on n'est pas certain de ne trouver que des bons !" Mais bon, faisons comme plein d'autres, fermons les yeux sur cette affaire d'effectifs. Encore faudrait-il que tous ces policiers et gendarmes, à Marseille ou ailleurs aient les moyens matériels de remplir leurs missions. Quand on lit dans un blog de gendarmes que le "budget d'investissement de la GN, de cent cinquante millions d'euros, a fondu de 70% pour l'année 2012 (...) la gendarmerie ne peut plus payer l'essence pour ses véhicules depuis le 1er juillet 2012", on se demande de qui on se moque. "Économies drastiques, voitures à la casse non remplacées, factures de garagistes privés en attente, labos de police scientifique paralysés par l'afflux de dossiers sans que l'on puisse imaginer de nouveaux investissements”, il y a toutes les raisons de se faire du soucis. Certes, "Sarkozy ministre de l'Intérieur à bouffé des crédits pour longtemps et pour des résultats très aléatoires" commente un ancien membre du cabinet de ce dernier. Mais "le changement, c'est maintenant !", non ?

Drame de la Chevaline

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Un "tueur professionnel" bien nerveux...

C'est donc l'une des hypothèses que certains nous proposent : le quadruple assassin de La Chevaline aurait donc été commandité, quel que soit le mobile de cette tuerie. Voilà donc un tueur à gages qui décide de laisser un témoin vivant (la fillette frappée et, apparemment, blessée d'une balle à l'épaule) derrière lui. Voilà un professionnel qui connaît si bien ses cibles qu'il ne sait même pas qu'une seconde enfant manque à l'appel ? D'autant que, selon le procureur de la République, un siège "bébé" était installé dans la voiture des victimes. Or, le tireur venait de s'attaquer, entre autres, à une victime de sept ans... Un peu grande pour un siège bébé ! Et il ne cherche pas le titulaire de celui-ci pour s'en débarrasser ? Au passage, et pour la même raison, on fera grâce au magistrat de se servir de la présence de ce fauteuil, liée à celle de la fillette blessée, pour expliquer que les sauveteurs n'ont pas cherché un enfant plus jeune...
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce "tueur professionnel", qui n'aurait qu'une seule vraie cible, qui abat tous les autres témoins adultes, n'est pas très prudent. Passe encore pour le témoignage éventuel de la fillette de 4 ans, mais celle de 7 pourrait lui causer bien des ennuis. De plus, le flingueur inconnu laisse derrière lui les étuis de ses projectiles, éjectés donc provenant d'une arme automatique, pas forcément un pistolet, ce qui pourrait expliquer le tir nourri... Certes, son arme est peut-être vierge... Enfin, le voici qui tend son guet-apens à une heure et en un lieu où il peut croiser pas mal de gens... D'ailleurs, il a opéré si vite que le moteur de la voiture visée tournait encore à l'arrivée du premier témoin... Ou alors, ce tueur a été recruté un peu vite... Mais, malheureusement, il peut aussi s'agir de l'œuvre d'un dingue saoul et/ou sous stupéfiants qui a voulu attaquer ces touristes pour les dévaliser, sans en avoir le temps. Ou du coup de chaleur d'un voyou excité (pour les mêmes raisons), qui aurait eu une altercation avec ces vacanciers étrangers et qui aurait dégainé...

 

La gendarmerie fait n'importe quoi

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Et si la fillette avait été mourante ?

Oui, les gendarmes ont commis une faute ! N'en déplaise à Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur. Pas forcément ceux qui étaient sur place, autour de ce cercueil qu'était devenu le break, à l'intérieur duquel trois des membres de la famille anglaise avaient été tués. Pas forcément ceux qui ont pris l'enquête en main, dès les premiers instants de la découverte du drame. Quoique, au niveau de leur commandement, on peut se poser la question de savoir qui a décidé quoi, pour ce qui concerne l'intervention des TIC (techniciens d'identification criminelle). Non, c'est du côté des hauts responsables de la gendarmerie nationale (GN) et de son institut de recherches criminelles de Rosny-sous-Bois (IRCGN) qu'il faut chercher la faute. Qui parmi eux a pu décider un jour (quand, depuis quand, pourquoi ?) que, dans le cadre de faits criminels graves, seuls les "experts" de l'IRCGN pouvaient, devaient intervenir ? Depuis qu'il est de plus en plus élaboré, ce service de pointe a formé des centaines de TIC qui ont été disséminés à travers la France, au gré des services d'enquête de la gendarmerie afin, justement, de pouvoir intervenir rapidement, partout sur le territoire. Et, selon les régions, ses antennes d'identité judiciaire sont plus ou moins importantes, plus ou moins dotées en hommes et en matériel. À une heure de route de la scène de crime de La Chevaline, il en existe une très importante, celle de Lyon. Pourquoi ne pas l'avoir envoyé sur place, au moins pour effectuer les premières constatations ? Sans rentrer dans le jeu d'un syndicat d'officiers de police, qui a crié au scandale parce que l'identité judiciaire (IJ) de la police, dont le siège national est aussi à Lyon, n'a pas été sollicitée, on remarquera que, sous Sarkozy déjà, on nous avait annoncé la mutualisation des moyens techniques et scientifiques de la police et de la gendarmerie, pour cause d'économies. Et l'administration Valls a repris l'idée à son compte. Seulement voilà, l'IRCGN est le fleuron, la vitrine de la gendarmerie. Alors, il faut le vendre, le faire briller, le faire exister même si, parfois, certains de ses correspondants en province n'ont pas été à la hauteur. Mais les autres ? On les a formés et on les prendrait depuis pour des has been, puisqu'on les dessaisit avant même qu'ils aient été saisis ? Le GIGN (l'autre vedette de la GN), semble, lui, ne pas avoir ce genre de problème d'ego. Il multiplie les antennes régionales. Et si la fillette retrouvée huit heures après la fusillade avait été mourante ? Où en serait-on aujourd'hui ?

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Chaises musicales à Marseille

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La fausse bonne idée Lothion

Remplacer Alain Gardère, actuel Préfet délégué à la sécurité dans la cité phocéenne, par Christian Lothion, titulaire du poste de directeur central de la police judiciaire (DCPJ,) aurait au moins un avantage pour le ministre de l'Intérieur : dégager ce dernier de son fauteuil de patron de la PJ au niveau national, sans faire de vagues. Ce jeu de chaises musicales, destiné à faire bouger les lignes du dossier marseillais, est l'un des schémas dessinés par certains, à la veille du Conseil interministériel prévu demain à cet effet. Officiellement, Christian Lothion n'a pas démérité, il a encore moins à se reprocher. Quoique... les placards du ministère de l'Intérieur ont toujours été remplis de vieux dossiers bien gluants, susceptibles de coller aux basques de tel ou tel... Mais on retiendra tout de même que c'est sous la direction de M. Lothion que Michel Neyret a dérapé, sans que son supérieur hiérarchique (et son appareil) ne se rende compte de rien. Et pourtant, voici quelque temps, la DCPJ, considérant que les outils habituels de contrôle de la police ne suffisaient pas, avait créé une mini "cellule" chargée de prendre régulièrement le pouls des différents services de PJ, afin de parer à toute éventualité. Raté ! Et puis, à force de mettre la pression à ses différents services pour obtenir les résultats réclamés à cor et à cri par les ex-Présidents de la République et ministre de l'Intérieur, un DCPJ doit se douter qu'un tête-à-queue est toujours possible. Même quand on se désolidarise d'un ancien copain en catastrophe...
Quoi qu'il en soit, Christian Lothion n'a pas grand-chose à gagner à accepter une casquette de Préfet délégué car, vu son âge, le temps d'être titularisé dans la préfectorale, de l'eau aura coulé dans le vieux port ! Enfin, aura-t-il assez de charisme pour faire travailler ensemble les Marseillais de la sécurité publique et ceux de la PJ ? Certains en doute, prédisant qu'il mettra la seconde en avant, alors que tous doivent être remobilisés...

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