Le directeur de la police sur un siège éjectable... (suite)
“Claude Baland ne passera pas l’été…”. Venue de plusieurs hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, la ritournelle laisse peu d’avenir au DGPN dans son poste actuel.
Et la source la plus proche de Manuels Valls, ajoute : “Le ministre n’en peut plus d’être obligé de le court-circuiter pour avoir des nouvelles de ce qui passe dans les services, en s’adressant personnellement à certains directeurs opérationnels…”. D’ailleurs, le directeur général de la Police nationale ne le dit-il pas régulièrement à ses convives ou à ses visiteurs, “de toute façon, je ne sers à rien dans ce ministère !”. Il est vrai que si le préfet Baland est un excellent gestionnaire (ne fut-il pas directeur de l’administration de la Police nationale), c’est loin d’être un grand connaisseur du terrain, encore moins un meneur d’hommes. Et le ministre de l’Intérieur s’en agace. Dès lors, deux écoles s’affrontent pour lui trouver un remplaçant. Il y a ceux qui verraient bien un autre Préfet, histoire de prendre un peu de distance avec les policiers, et ceux qui voudraient voir un flic prendre la tête de la police. Et chacun de mettre un nom sur leurs espoirs. Les premiers verraient bien Renaud Vedel quitter son poste de directeur adjoint de cabinet de M. Valls pour s’asseoir dans le fauteuil de DGPN. Les seconds n’ont qu’un nom en tête, celui d’Emile Pérez, actuel patron de la direction de la coopération internationale (DCI) à la DGPN. Ceux qui pensent à R. Vedel expliquent qu’il a beau être préfet, il s’est considérablement affranchi de la chose policière depuis son arrivée place Beauvau. Ceux qui plaident pour E. Pérez constatent que la gendarmerie vient bien de passer sous la direction d’un homme de terrain, l’ancien patron du GIGN, Denis Favier Mais les détracteurs de celui qui fut aussi le secrétaire général du syndicat des commissaires de police ajoutent que, “comme Favier, si Pérez était de gauche, ça se saurait !”. Sauf que les mêmes constatent que Pérez “est très apprécié de Manuel Valls…”. D’ailleurs, à l’heure où il fallait désigner un nouveau patron de la police, le nom d’Emile Pérez était déjà apparu. “Mais, confie un ancien membre du cabinet du ministre, il y avait déjà eu beaucoup d’hommes de droite de nommés place Beauvau pour que certains ne s’en émeuvent…”. Et ce même haut fonctionnaire d’imaginer que Manuel Valls aurait pu à cette époque faire le dos rond, choisir Claude Baland comme DGPN, en attendant que les remous s’estompent, pour mieux repasser le plat Pérez plus tard. Sauf qu’une autre question se pose aujourd’hui : Émile Pérez, qui en rêva, voudra-t-il encore du poste ? Se laissera-t-il “marquer” politiquement alors que, né en 1956, il a encore quelques années à tirer ? Sans compter que son poste actuel à la DCI lui permet d’assouvir son pêché mignon : voyager… En attendant, des syndicalistes policiers sont fort aises que son nom soit cité. Selon eux, pour “faire campagne”, Émile Perez n’a rien à leur refuser. Et les postes à l’étranger, qu’il peut dégager dans ses actuelles fonctions, sont toujours fort appréciés des flics de tout grade. Les prétendants à la DGPN devront peut-être tout de même attendre un peu. Pour ne pas sembler céder aux annonces médiatiques, Manuel Valls pourrait patienter jusqu’en septembre.